Le Roi Mage Balthazar, attendra près de 1000 ans avant que les européens le représentent comme homme Noir

Le Nouveau Testament raconte aux personnes de confession catholique, la venue sur terre de l’Enfant Jésus au soir de Noël à Bethléem, au Sud de Jérusalem, un 24 décembre à minuit (Luc et Mathieu). Entouré de la Vierge Marie et de Joseph, le nourrisson recevra très tôt la visite attendue de trois Rois dont le plus jeune est de couleur foncé, il est d’origine africaine. La sainte famille voit alors des Mages (ou Magos), des porteurs de rêves orientaux, guidés par une étoile,  remettre des offrandes au bébé.

Selon l’évangile de Mathieu, le Roi Mage Balthazar a d’abord suivi l’étoile de Bethléem (ou étoile de Noël) jusqu’au Palais d’Hérode le Grand. Ce dernier  lui aurait ordonné de revenir près de lui après avoir trouvé l’Enfant, fils de Dieu. A son arrivée dans la cabane où repose le nourrisson, comme les autres mages, Balthazar l’honore et lui offre en cadeau de la myrrhe (qui symbolise la mort d’un roi, un produit coûteux pour l’époque). Si le personnage de Balthazar compose désormais toutes les crèches chez les catholiques en Europe,  sa représentation en tant qu’homme Noir a été ignorée pendant plusieurs siècles. 

Une exposition lancée le 19 novembre 2019, intitulée «Balthazar : A Black African King in Medieval and Renaissance Art» tente d’expliquer comment, en Europe, la représentation du Roi mage africain, a été favorisée grâce et avec la traite négrière. Cette exposition qui se déroule au Getty Museum au campus culturel et de recherche, situé à Los Angeles, dans l’État de Californie et prend fin le 17 février 2020, est l’occasion de mieux comprendre le temps qu’il aura fallu aux artistes d’Europe pour intégrer l’identité du plus jeune Roi mage.

Dès les premières légendes écrites médiévales, il était dit que l’un des trois rois qui a rendu hommage à l’Enfant Jésus à Bethléem était originaire d’Afrique.

Mais, si l’adoration des mages était pourtant un sujet courant dans l’Art pictural européen, en dépit  des descriptions écrites de Balthazar en tant qu’Africain noir, les artistes européens ont continué à le représenter comme un Roi blanc pendant des siècles Il faudrait près de 1000 ans aux européens pour commencer à représenter le plus jeune des trois rois, Balthazar, en tant qu’homme Noir.

Les récits évangéliques qui relatent la naissance du Christ ne précisent pas le nombre de mages, ni leurs noms, mais distillent de nombreux indices sur l’identité des trois Rois.

A partir du troisième siècle, les écrivains ont identifié les rois mages selon les trois types de cadeaux qu’ils ont apportés au nourrisson : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (une résine utilisée par les Égyptiens). Plus tard, des écrivains leur ont attribué des noms : Gaspar, Melchior et Balthazar, et ont précisé que les rois venaient des trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Europe.

Enfin, au VIIIe siècle, un auteur répertorié sous le nom de Bede identifie «un Roi noir et barbu appelé Balthazar». Dans ce manuscrit original, Balthazar est appelé Bithisarea qui devient Balthazar dans le christianisme occidental. Saint Bede le décrit comme étant «de teint noir, portant une barbe lourde» avec de la -myrrhe- qu’il tenait dans ses mains préfigurant la mort du Fils de l’homme ».

Ce n’est  qu’en 1266 que l’identité du troisième mage a été évoquée  dans l’art européen pour la première fois, lorsque l’artiste Nicola Pisano a sculpté deux assistants africains dans une scène avec les mages. Leurs traits et leurs cheveux les identifient clairement comme des Africains subsahariens.

Ensuite, à la fin du XVe siècle, les choses changent. Un plus grand nombre d’images dans l’Art européen représentent Balthazar comme étant associé à l’Afrique à travers son costume, ou peint comme un Africain. Des représentations ont été trouvées dans les livres de prières personnelles,  créées vers 1480/90 au moment où démarre la traite négrière portugaise a sur la côte ouest de l’Afrique.

«Le mage noir africain de la fin du XVe siècle est une figure paradoxale. Sa présence révèle la diversité raciale en Europe à un moment où les conciles œcuméniques d’église ont accueilli des délégués d’Éthiopie à Florence et à Rome. Dans le même temps, cependant, les Européens ont commencé à s’engager dans la brutale traite des esclaves africains. » révèle une note d’une minuscule peinture du mage africain dans l’exposition « Balthazar : A Black African King in Medieval and Renaissance Art» – (Balthazar: un roi noir africain dans l’art médiéval et à la Renaissance)

A la fin des années 1400, le commerce des esclaves d’Afrique subsaharienne s’est intensifié, banalisant, industrialisant, organisant la pratique de la traite négrière en apportant des millions de peuples asservis en Europe et en Amérique. Une pratique qui  n’était pourtant pas inédite, depuis l’Antiquité, les Européens et les Africains étaient déjà «engagés» dans le commerce des humains captifs, rappellent les historiens spécialisés dans l’histoire de l’esclavage.

Le Roi Mage Balthazar est commémoré pendant l’Épiphanie avec les autres mages. Chez les catholiques, Balthazar est fêté le 6 janvier, le jour de sa mort. Selon la légende, Balthazar serait revenu chez lui sans visiter le Roi Hérode. Le Mage africain aurait célébré Noël en 54 après Jésus-Christ, à l’âge de 112 ans.

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter C’news Actus Dothy
Source «Balthazar: A Black African King in Medieval and Renaissance Art»
Images Getty  Musuem Californie

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