Karine Nubret, médecin au CHU de Bordeaux, lance un cri d’alerte aux patients atteints de pathologies chroniques

«Les malades doivent nous faire confiance. Les patients doivent revenir en consultation».

Karine Nubret, praticienne hospitalière à Bordeaux, spécialisée en chirurgie cardiaque et en pédiatrie rejoint un grand nombre de médecins qui s’alarment d’une désertion flagrante des cabinets de consultations de ville mais également l’absence de malades hors Covid, aux urgences et en consultation hospitalière. Les chiffres de Santé Publique France sur 3 semaines, donnent une idée de cette déflagration des visites tant en hôpital qu’en ville : 35% de passage en moins aux urgences pour infarctus et 27% de moins pour les AVC.

A Bordeaux comme dans le reste de la France c’est le même constat, les malades non-Covid boudent ostensiblement les urgences. Les parents sont frileux à l’idée de conduire leurs enfants chez le pédiatre et les malades craignent de contracter le virus en se déplaçant dans les centres médicaux.  Seulement les maladies chroniques et autres problèmes de santé n’ont pas disparu, rappelle le corps médical. À l’instar de ses confrères Karine Nubret, depuis le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux, lance un appel insistant à tous ceux qui ont des pathologies graves et qui reculent leurs examens à des dates ultérieures.

Des choix qui ne sont pas sans conséquences note la pharmacienne Jocelyne Wittevongel. Interrogée en début de semaine sur une chaîne d’informations en continu, la  secrétaire générale du syndicat des pharmaciens (FSPF)  explique pourquoi une nouvelle vague de malades non Covid-19 pourrait être problématique : «cela a des retentissements sur les pathologies, les tensions sont moins bien équilibrées, les diabètes également. On voit bien qu’il y a des déséquilibres, les gens ont compensé les interdictions par d’autres choses. Oui, il y aura besoin de refaire des points et des bilans et il est temps que les gens retournent chez le médecin».

C’est le sentiment de Karine Nubret, la praticienne en poste au CHU de Bordeaux, persiste : «Les consultations en visio-conférence si elles sont efficaces, ne peuvent pas remplacer «un suivi en préventiel». Il est important de recevoir «physiquement» les patients qui ont des pathologies chroniques, celle du cœur par exemple» indique Karine Nubret. En cas de douleur thoracique, de sensation de manque d’air à l’effort ou au repos, palpitations, malaise, il est temps d’appeler le 15, recommande une nouvelle fois le médecin hospitalier.

Après plusieurs semaines de confinement, le lundi 13 avril enfin, après presqu’un mois où la France entière était suspendue aux annonces quotidiennes du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, faisant état méthodiquement des dégâts causés en France et dans le monde par le nouveau Coronavirus (SARS-CoV-2), COVID-19, le chef de l’Etat faisait état des graves dangers dont s’exposent les malades graves hors-Covid-19. L’angoisse d’être un jour contaminé, pire de côtoyer des patients Covid dans un lieu médicalisé, a provoqué des reports systématiques d’un grand nombre de rendez-vous.

Pourtant, dès le début de  l’épidémie, tout était programmé pour que les services hors-Covid puisse fonctionner séparément  : filtrages aux urgences, réductions de l’attente en salle, acheminement des pathologies en ambulance. «les malades du cœur, s’il faut les citer, doivent nous faire confiance. Les patients ne sont pas mélangés. Nous prenons des mesures inédites et nouvelles pour les mettre en sécurité» répète inlassablement Karine Nubret. Dans les salles d’attente désormais seuls 3 ou 4 personnes dont les accompagnants. En hôpital de jour, pour limiter les risques de contaminations, les malades sont véhiculés par «des ambulanciers sous haute protection et filtrés dès leur arrivée» assure le médecin en CHU.

En mars, spécialisée entre autres pour les maladies cardiaques, il était décidé qu’elle se tiendrait éloignée du service Covid-19 du Centre hospitalier. Les patients ayant des pacemaker, nécessitent une surveillance obligatoire tous les 3 mois et surtout, ceux-là, «ne peuvent prendre des risques graves en repoussant leur consultation obligatoire» C’est sans doute avec beaucoup de soulagement que la praticienne écoutait les recommandations d’Emmanuel Macron ce lundi 13 avril.

Les règles, Karine Nubret connait leur efficacité car la doctoresse qui a «plusieurs casquettes» (se plaît-elle à dire), a franchi tous les obstacles pour atteindre son but. Cette idée de devenir médecin, elle l’a épousée depuis l’âge de quatre ans. Karine Nubret s’est pliée à neuf années d’études médicales longues et difficiles qu’elle a enrichies ensuite de connaissances complémentaires. Et la digne fille de Serge et de Jacqueline Nubret, est diplômée d’Etat de docteur en médecine, spécialisée dans différentes pathologies.

Jacqueline et Serge Nubret, père de la guadeloupéenne Karine Nubret

Dernière enfant de Serge Nubret, culturiste, dirigeant de fédération et acteur de cinéma, connu dans les années 1950 à 2000, Karine Nubret a observé très longtemps la rigueur de son père Serge Nubret, aujourd’hui élevé au rang de légende du bodybuilding français. Né dans la commune d’Anse-Bertrand en Guadeloupe, dès 18 ans, il est surnommé La Panthère Noire, en France hexagonale, comme dans les divers pays qu’il aura visités durant toute sa carrière.

Tour à tour Monsieur Europe, Monsieur Univers et Monsieur World, le jeune antillais aura bouleversé les codes du bodybuilding dans le monde. Avec son étonnante musculation, fruit d’un travail d’endurance et d’esthétique le père de Karine Nubret a gravé son nom dans le palmarès des plus grands culturistes de la planète : Vice champion du monde de la WABBA, l’Homme le plus musclé du monde en 1960 à Montréal, Mr Olympia en Afrique du Sud, il épouse Jacqueline Nubret, Miss Univers, une reine de beauté trois fois titrées. Le couple Nubret est une légende antillaise, une référence dans le sport.

Cette volonté au travail et ce «contact si singulier avec les autres» font parties de l’héritage de Karine Nubret que, patients ou collègues au CHU de Bordeaux, appellent simplement Karine. 

Née à Paris, d’origine guadeloupéenne, la jeune médecin a grandi en Île-de-France avant de commencer ses études de médecine dans la capitale. Elle fait son internat à Limoges en 2000 et part à la fac de Médecine de Bordeaux pour se spécialiser en chirurgie cardiaque et en pédiatrie. Un rêve abouti mais pas surprenant pour sa mère Jacqueline. La petite Karine se souvient et le dit avec une pointe de douceur dans la voix «j’adorais ma pédiatre».

Reportage Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy
Images Facbook K.N. pour C’news Actus Dothy

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