Joséphine Baker, Paris, l’Amérique et le reste du Monde

Née Josephine Freda MacDonald à l’hôpital des femmes de St. Louis dans le Missouri, le 3 juin 1906, Joséphine est surnommée «Tumpie» parce qu’elle était un bébé potelé. Sa mère, Carrie MacDonald de Caroline du Sud était moitié noire, moitié indienne Apalachee. Son père Eddie Carson était un métis d’un colon espagnol et d’un descendant d’esclave. Ils formaient un couple d’artistes populaires, l’un percussionniste dans un groupe  et l’autre, chanteuse, comédienne et danseuse dans la région de Saint-Louis au début des années 1900.  Le soir dans des clubs, les spectateurs applaudissaient les performances du Ragtime with Eddie et Carrie.

À la naissance de son frère Richard, le père de Joséphine Baker abandonne sa famille et les laisse, seuls presque sans ressources avant d’épouser une autre prétendante. La mère de Joséphine, Carrie MacDonald épousera plus tard Arthur Martin avec qui elle aura deux filles, Margaret et Willie Mae. À cette date, Joséphine a 11 ans.

En 1918, la jeune Joséphine a des prédispositions pour la danse.  Elle a du talent, joue et chante dans le groupe qu’elle crée «The Angel of God». Tantôt serveuse, tantôt danseuse à The Old Chauffeur Club, la petite Tumpie a grandi.  En 1919, on lui offre l’opportunité de rejoindre The Jones family Band et sa mère fait juste une mise en garde, au cas ou ! : «Ne lui mettez pas trop de choses dans la tête, car elle est destinée à devenir laveuse comme moi».

Joséphine abandonne l’école, fait ses valises et, à l’âge de 13 ans, elle s’en va sur les routes américaines, la fille de Carrie MacDonald chante et danse au Washington Théâtre, elle est heureuse. Elle se produit à la Nouvelle-Orléans puis  en Pennsylvannie en 1921. Joséphine épouse Willie Baker, un employé de chemin de fer de la compagnie Pullman, il a 25 ans. Prenant le nom de famille (de son deuxième des cinq maris) Willie Baker, Josephine Baker est en tournée jusqu’à leur séparation en 1921. Plus tard cette année-là, elle se produira au Shuffle Along. Boston, Milwaukee, Philadelphie, Chicago, la fillette est saluée comme la révélation du groupe.

Ses premiers voyages seront difficiles car elle était considérée comme trop jeune et trop maigre pour être une choriste. Joséphine devient l’habilleuse de l’artiste populaire Clara Smith avant qu’on ne lui donne sa chance.

Après Shuffle Along dans le casting d’Eva Spencer à Chicago, Joséphine Baker se produit dans la comédie musicale Chocolate Dandies en 1924, et s’enorgueillit de critiques élogieuses pour ses prestations comiques, elle exulte. 1925, la très jeune chanteuse s’embarque sur le paquebot The Berengaria qui se dirige vers l’Europe. Au cours de la traversée, elle s’entend dire que « Mistinguette » est la reine de Paris, que la vie est vraiment différente en Europe et qu’on apprécie beaucoup la musique et la culture noire.

Le 2 octobre 1925, Josephine Baker est au Théâtre des Champs-Elysées, Avenue Montaigne, elle ouvre  «La Revue Nègre», le designer Paul Colin l’habille très légèrement.  Un succès. Picasso, Van Dongen, Jean Cocteau, Paul Poiret, l’acclament. Joséphine Baker séduit le Tout-Paris. Elle joue des fantasmes de la femme noire pour des européens épris d’images sensuelles et exotiques. Tumpie apporte en plus le jazz et le Charleston à Paris. Ses performances décomplexées et ses costumes minimalistes vont parfaire cette image exotique. 1926, Joséphine mène la revue des « Folies Bergères »,  rue Richer dans le 9ème arrondissement.  En 1930, elle est au « Casino de Paris », rue Clichy et en 1931, Joséphine Baker chante « J’ai deux amours, mon Pays et Paris » qui devient son enregistrement le plus réussi et le plus emblématique de son parcours parisien.

Au cours de la décennie suivante, Joséphine Baker apparaît dans trois films, La sirène des tropiques (1927), ZouZou (1934) et Princesse TamTam (1935) qu’elle tourne en Tunisie. Ernest Hemingway, F. Scott Fitzgerald, Pablo Picasso, Langston Hughes et Christian Dior se sont tous désignés comme étant les fans de Joséphine Baker.

Le succès de Joséphine Baker en Europe n’aura pas de résonance aux États-Unis. Elle y retourne en 1936 sans toucher le public américain, Joséphine baker dira, avoir été victime de discrimination raciale dans son pays. Exclue de nombreux hôtels et refusée de service dans les clubs et restaurants, Joséphine Baker proteste et renonce à sa citoyenneté américaine. L’artiste s’installe définitivement à Paris en 1937.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker utilise sa renommée pour recueillir des renseignements pour la Résistance française pendant l’occupation nazie. Sa couverture d’artiste célèbre lui permet de transporter des documents sensibles dans des pays neutres et des zones occupées alliées, elle écrit parfois à l’encre invisible sur des partitions. Après la guerre, Josephine Baker est décorée. Le Général de Gaulle lui offre La Croix de la Lorraine, la France entière reconnaît sa contribution durant la période d’occupation allemande.

Joséphine Baker épouse le chef d’orchestre Jo Bouillon en 1947 au cours d’une cérémonie nuptiale dans la chapelle de Milandes dans le Périgord. L’artiste américaine ne peut enfanter. Elle décide avec son nouvel époux d’accueillir des enfants dans Le Château de Milandes qu’elle loue.

La châtelaine adopte 12 orphelins d’ethnie différente : «Ils sont le symbole de la paix. Ensemble nous formons  a Rainbow Tribe» se plaisait à répéter l’artiste.  Puis les difficultés arrivent et les revenus de Joséphine Baker ne lui permettent plus de faire vivre sa tribu.  En soutien, son ami Jean-Claude Brialy met son Club à sa disposition. Brigitte Bardot plaide sa cause dans les médias, Anna Magnani (actrice italienne), Nathalie Delon et Françoise Sagan sont présents lors d’un Gala de levée de fonds, organisé en 1969.  Paris est à ses pieds. À Monaco la princesse Grace l’invite, ses enfants et elle, au Gala sur la Riviera. Son Jo, divorce et Joséphine est mère célibataire.

En août 1963, Jane Baker était l’une des deux seules femmes à Paris, à s’exprimer lors de la La Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté. Martin Luther King fit un discours historique.

1975, elle a soixante dix ans,  projette une tournée de six mois et organise un show  à Bobino dont la mise en scène est signé d’André Levasseur. Alain Delon, Sophia Loren, Carlos, Line Renaud, Mick Jagger, la princesse Grace de Monaco ou encore l’actrice Arletty n’ont manqué ce concert à Bobino. «Me revoilà Paris, ça fait longtemps qu’on s’est vus. Dis comment me trouves-tu?». Pendant qu’elle est sur scène, un message de l’Elysée l’interrompt, le président de la République Valérie Giscard D’Estaing lui rend hommage. Ce sera son dernier spectacle.

Ce soir-Là, Joséphine termine son show en disant : « Here I am, Paris, Paris, I’m back ! Here, no matter my age, maybe I’ll even die here on stage!» (Je suis ici à Paris,  je suis de retour.  Qu’importe l’âge, même si je meurs sur scène ! )

Le lendemain du spectacle donné en son honneur, Joséphine ne se réveille pas.  Victime d’une hémorragie cérébrale, il était 14 heures, quand Jocelyne Coffre, la secrétaire  de Joséphine Baker a appelé les secours. Sa soeur, Willie Mae Martin,  a refusé l’acharnement thérapeuthique, Josephine Baker décède à l’âge de 69 ans à Paris le 12 avril 1975. La fille de Carrie MacDonald est morte.

La cérémonie religieuse a lieu à l’Église de la Madeleine. Des milliers de parisiens descendent dans les rues pour la saluer une dernière fois.  Les Forces françaises libres lui rendent hommage, les associations anti-racistes et de nombreuses célébrités également remercient la star américaine et française. « Paris montre son amour à celle qui a tant donnée à la France ».

Enterrée à Monaco, Joséphine Baker sera la première Américaine à recevoir les honneurs militaires français lors de ses funérailles.

Le Château de Milandes est désormais labellisé «Maison des Illustres en 2012», Josephine y vécut plus de 20 ans avec ses enfants adoptifs.  Aujourd’hui, il est aménagé en musée consacré à la carrière et à la vie de Joséphine Baker.

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy
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