«Les policiers sont souvent les fils et les filles du peuple».
Ces hommes et ces femmes souvent issus des classes populaires sont aujourd’hui agressés, tués, égorgés. Une situation qui s’agrave et qui rend inconfortable la vie des gardiens de la paix, dénoncent les milliers d’agent rassemblés ce mercredi dans le 7ème arrondissement de la capitale.
Avec plus de 30 000 participants, le rassemblement devant l’Assemblée nationale a été un succès pour les organisateurs. Parmi les nombreux policiers qui se sont déplacés, l’un est martiniquais. Nous l’avons rencontré arrivant de la Seine-et-Marne. Jimmy Terrine très solllicité par les médias, est aussi un syndicaliste chevronné. Membre du groupe GPX, il se réjouit de cette intersyndicale qui a été créée pour l’occasion. Ce mercredi 19 mai 2021, c’est toute une profession encore meurtrie qui se réunit à Paris.
Les tueurs de policiers sont très jeunes
«Cette profession est la plus touchée par le nombre de blessés et de morts, toute corporation confondue». Le bilan est lourd et tragique. En mai, en moins d’une semaine d’intervalle, dans l’Hexagone, trois policiers sont morts dans l’exercice de leur fonction. «C’est cette spirale que l’on veut faire cesser». C’est là, une des raisons de cette manifestation, explique Jimmy Terrine. Mais plus que des minutes de silence, et des hommages, le brigadier comme ses collègues, n’est pas dupe. Il poursuit «Nous attendons du Ministre Darmanin, qu’il porte nos doléances jusqu’au Président de la République».
Alors que la police rendait hommage à Eric Masson, tué froidement par un délinquant, un nouveau féminicide frappait la France. À Mérignac, une jeune femme de 31 ans (sans protection judiciaire effective) mourrait brûlée vive. Une semaine plus tard, un jeune de 14 ans touchait en plein coeur une adolescente de 17 ans. Cette escalade de la violence des mineurs est critiquable. «Ils sont recrutés comme guetteur et finissent en échec scolaire», note le brigadier. Comment protéger les jeunes de la délinquance. «Les tueurs sont de plus en plus jeunes. C’est d’ailleurs ce qui choque l’opinion publique. Les causes sont à déplorer. Des provocations via les réseaux sociaux ou sur des jeux en ligne notamment Fortnite. Des insultes suivent. Souvent du harcèlement en milieu scolaire et faute d’encadrement le pire se produit» énumère le brigadier martininiquais.
«Une police bashing qui efface les trois millions d’interventions par an. Et qui nourrit une haine ant-flic palpable.» À la tribune, les organisateurs ont rappelé les difficultés du métier de policiers. «Les revendications sont légitimes», assure Jimmy Terrine. «Et encore plus en période d’élection. Les prochains dirigeants doivent prendre en compte la sécurité du pays et de nos difficultés à l’assurer» ajoute le brigadier.
Les policiers vivent cachés désormais
«Les policiers sont souvent les fils et les filles du peuple. Parfois issus de l’immigration. Souvent venus des classes populaires. Agressés en service et désormais dans leur intimité. Insultés, menacés, frappés, égorgés. Ils vivent comme des parias en se cachant alors qu’ils exercent le plus noble des métiers.» les mots des intervenants en tribune résonnent. Jimmy Terrine les complètent : «On peut encore conseiller cette profession à tous ceux qui ont envie d’être au service de la population.»
«Ces policiers vous garantissent la paix, votre sécurité, 24 heure sur 24 et 365 jours par an», atteste le l’antillais. Ses désirs sont les mêmes que ses collègues, il faudrait «qu’à l’avenir, il y ait moins de victimes. Que les jeunes soient plus encadrés. Qu’il y ait moins de drames conjugaux, familiaux ou scolaires.»
«Il est temps de changer de logiciel, de paradigme. Il est temps de rappeler le pacte républicain qui nous unit au-delà de toute sensibilité politique. Celui de la sécurité pour tous et partout. Cette République qui donne à chacun la chance de réussir. Et qui attend de chacun le devoir de respecter son prochain. Cette République qui donne à chacun une chance de vivre librement. Tout en étant différent les uns des autres».
Ceux qui ne respectent pas ce pacte doivent être sanctionnés.
«Les policiers racistes ou violents sont des justiciables. Ils doivent rendre des comptes devant des magistrats. Leur hiérarchie également.». Seulement martèle Jimmy Terrine «Quand un policier fait mal son travail, il est malheureux que toute la profession soit pointée du doigt.»
Malgré un torrent de pluie, la manifestation très suivie a accueilli plusieurs personnalités politiques et civiles. Le 1er flic de France était présent pour soutenir tous ses agents, a-t-il promis.
Reportage Dorothée Audibert-Champenois – Facebook Blacknews Page – Cnews ACTUS Page – Images Cnews ACTUS Page