Le madras à l’origine, des Indes aux Antilles

Nommé d’après la ville côtière indienne maintenant connue sous le nom de Chennai, Madras est l’endroit où les métiers à tisser ont commencé à filer le tissu au 13ème siècle. Madras est aussi la ville façonnée de manière indélébile par la domination coloniale. Au XVIIe siècle, la Compagnie britannique des Indes orientales a occupé Madras, l’établissant officiellement comme port de commerce et déclarant un monopole sur les textiles fabriqués en Inde.

Une martiniquaise et son éventail en madras (manif du CM98 en 2018) – ©️Blacknews Page

Au cours des trois siècles suivants, les Britanniques commercialiseront le tissu à travers le monde, l’expédiant vers leurs colonies et d’autres possessions impériales, y compris les colonies françaises et espagnoles en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique. Le tissu coloré, résistant était parfait pour les climats humides et le dur labeur de ceux qui vivaient sous la domination coloniale. Des paysans et tisserands indiens qui ramassaient le coton et tissaient le tissu, aux millions d’ouvriers bruns et noirs et aux esclaves qui l’enfilaient pour travailler dans les champs, les plantations et les routes à travers le monde, le tissu Madras reliait les sujets coloniaux à travers l’espace et le temps. Leur sueur, leur sang et le tissu qui a tout absorbé étaient immensément profitables pour l’empire. Les chercheurs estiment que les Britanniques se sont enrichis pour environ 45 billions (45 milliards) de dollars d’Asie du Sud. Les textiles de coton étant l’une de leurs principales exportations.

Exposante au Madras Day 2022 à Paris – ©️ Blacknews Page


Souvent, le tissu voyageait sur les mêmes navires transportant des Africains volés en esclavage. Parfois, il était même utilisé comme monnaie dans le commerce des esclaves. Ce sont là les perversions opérées par l’Empire : 《un morceau de tissu vaut autant qu’une vie humaine》. Un tissu destiné à libérer les corps burinés, leur permettant de se déplacer avec fluidité dans les climats chauds, était désormais utilisé pour asservir les corps noirs.

Au Nigéria, où le tissu est connu sous le nom d’injiri, ou 《George》, le tissu est sacré dans la culture du peuple Kalabari. Lors de la cérémonie de baptême d’un nouveau-né, les pères offrent à leurs bébés du tissu madras non coupé, marquant l’enfant comme le leur et les initiant à la vie de Kalabari. Le tissu joue également un rôle important dans la mort de Kalabari, avec les personnes en deuil et la maison du nouveau mort drapées de George, un rituel pour les introduire dans le royaume des ancêtres.

Des poupées habillées du tissu Madras (Madras Day 2022) – ©️ Blacknews Page

Dans l’Atlantique Nord, les femmes des Caraïbes en réponse à la simplicité et à l’obéissance exigées des peuples d’ascendance africaine par les élites blanches dans les lois noires de la région, elles se sont parées de façon rebelle de coiffes en madras aux couleurs vives.

Robe de mariée – Créatrice Kathshoppin couture
Le madras dans toute sa diversité de couleurs s’est depuis institutionalisé dans la société caribéenne devenant à son insu un emblème de la résistance d’un peuple qui le porte avec fierté. S’il a toute sa place dans les traditions antillaises, il s’invite aisément dans le monde de la mode d’aujourd’hui.
D’après Raksha Vasudevan – Dorothée Audibert-Champenois Facebook Instagram Tik Tok Twitter @blacknewspage

La martiniquaise Vanessa Dolmen joue dans 《Maya, une voix》, le biopic musical sur Maya Angelou

Dans ce spectacle musical《Maya, une voix》, Éric Bouvron s’inspire de l’ histoire de Maya Angelou, l’égérie de la lutte pour les droits civiques, morte le 28 mai 2014 à Winston-Salem. La jeune fille née à Saint-Louis aux Etats-Unis en 1928, 《expérimentera très tôt la brutalité de la discrimination raciale》à une époque marquée par la discrimination contre les Noirs. Le réalisateur Eric Bouvron qui a reçu le Molière du théâtre privé en 2016 a fait du parcours de l’écrivaine un biopic musical qui dure 1heure et quinze minutes.

Maya Angelou parlait six langues, dont le français.《Auteure, artiste et militante aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X, elle démontre très tôt une résilience hors norme et trouve enfin sa voix pour devenir l’une des femmes les plus emblématiques de notre ère》, légende le site l’Officiel des spectacles qui annonce deux représentations à Paris. Des artistes d’exception se côtoient dans 《Maya, une voix》dont la martiniquaise Vanessa Dolmen .

Ursuline Kairson est la doyenne de la troupe. Depuis quelques années l’actrice-chanteuse, née à Chicago est la vedette des revues du Paradis Latin à Paris et de nombreuses émissions télévisées. Aux côtés de cette artiste afro-américaine au parcours impressionnant, une comédienne issue des Antilles, Vanessa Dolmen partagera durant deux jours la même affiche que son aînée. Une réalisation inédite qui rend hommage à la regrettée Maya Angelou écrivaine, poète, essayiste, actrice, professeure d’université, scénariste, productrice, documentariste et militante américaine.

Le visage de Vanessa Dolmen c’est aussi celui vu dans l’émission La Matinale》 de Canal+ dans la chronique 《Bons plans》de 2003 à 2006. Car l’artiste est une animatrice de télévision qui compte dans le paysage audiovisuel français. Elle a présenté notamment pour France 3 :《Pour le plaisir》, 《Intervilles》,《C’est mieux le matin》, 《Le Grand Tournoi de l’histoire》 et 《Le Bêtisier de Noël》entre 2006 et 2007. Elle l’était aussi pour Gulli quand elle animait 《C moi qui régale》entre 2010 et 2012.

La comédienne inscrite aux cours de comédie de l’atelier Blanche Salant et Paul Weaver a suivi une formation d’artiste d’Art dramatique au Studio Pygmalion. Formée au théâtre, elle évolue sur les planches parisiennes mais tourne également au cinéma. Si sa carrière démarre en 2014 dans plusieurs fictions pour la télévision elle enchaîne rapidement dans des longs métrages pour le cinéma comme dans 《Un jour mon prince》, 《Première Année》, 《Notre-Dame La Part du Feu》 et 《Rendez-vous chez les Malawas》 en 2019.

Vanessa Dolmen se fera remarquer dans une discipline qu’elle connait bien, la radio ou elle assurait des émissions en 2010. Neuf ans plus tard, en 2019 elle participe à la fiction radiophonique 《Viper’s dream》 de Jake Lamar. Cette incursion dans le monde du jazz à Harlem des années 1930 à 1960 sera d’ailleurs plébiscitée par la critique avouent les journalistes spécialisés.

Les parents de Vanessa sont originaires de la Martinique. Bilingue, la parisienne est titulaire d’une maîtrise d’anglais qu’elle mettra à profit pour ses recherches de fin d’études. Son mémoire de maîtrise, elle l’a consacré au septième Art. Il s’intitule : 《l’Influence de la blaxploitation sur le cinéma de Spike Lee》. Son choix ciblait le 《courant culturel et social propre au cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l’image des Afro-Américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir.》

Avec Ursuline Kairson, Margeaux Lampley,  Audrey Mikondo, Tiffany Hofstetter, Elizabeth Wautlet, Julie Delaurenti, Sharon Mann, Christophe Charrier et Jo Zeugma, Vanessa Dolmen est au casting de la production musicale 《Maya, une voix》qui dure 75 minutes.

La comédienne d’origine antillaise est entourée d’actrices afro-américaines comme  Ursuline Kairson mais aussi Margeaux Lampley avec qui elle partage son expérience du spectacle vivant. La mise en scène est signée Éric Bouvron, né en Egypte, il est metteur en scène, acteur et humoriste. Les représentations ont lieu du 20 au 21 mars 2023 à Le Lavoir Moderne Parisien dans le 18ème arrondissement de la capitale.

Le site l’ Officiel des spectacles résume ainsi l’histoire de l’écrivaine et militante Maya Angelou qui ne commence pas sous de bons auspices : 《Quand, à huit ans, (la) petite fille décide de ne plus parler, sa famille s’inquiète. mais, après cinq ans de silence, sa vie se transforme lorsque Madame Flowers s’installe dans son village du sud des Etats-Unis et la prend sous son aile. Cette histoire est celle de Maya Angelou. Auteure, artiste et militante aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X, elle démontre une résilience hors norme et trouve enfin sa voix pour devenir l’une des femmes les plus emblématiques de notre ère》.

Dorothée Audibert-Champenois @Blacknews Page

Journaliste Web-Médias – Images NewYorkTimes – Anscape – Pinterest – Alexia Bureau Vendreli – Instagram

Le créateur martiniquais qui habille Kim Kardashian

Son extrème simplicité tranche avec l’étendue de sa renommée dans l’industrie de la mode. Eric Charles Donatien est celui qui a réalisé la somptueuse traine pour la tenue de Kim Kardashian au Met Gala 2015. Les années sont passés, ils ont collaboré sur d’autres projets mais le Met Gala reste la référence et on en parle encore. L’édition du traditionnel bal qui se déroule au Metropolitan Museum était placé cette année-là sous le signe de la Chine. Cette magnifique robe transparente en strass et en plumes blanches a immortalisé la reine de beauté américaine.

Le créateur martiniquais qui se différencie de ses confrères avec une maîtrise de la plume inspirée des grands plumassiers français est devenu un des plus grands artistes dans la capitale française. Les grands Maisons de couture se l’arrachent et sa réputation a fait le tour de la planète mode en moins d’une vingtaine d’années.

Kanye West - Kim Kardashian - Met Gala - Lundi 4 mai 2015

Ce lundi 4 mai 2015, il s’agissait de la première création du nouveau directeur artistique de Roberto Cavalli pour la marque.

Eric Charles Donatien - Plumassier Haute-Couture

Pour France Télévisions nous avons rencontré le plumassier Haute-Couture dans son atelier parisien et voici un extrait d’un reportage qui sera diffusé très prochainement sur les chaînes locales des Outremer.

Kim Kardashian - Manfred Thierry Mugler pour Kim Kardashian West / MET BALL 2019 avec la maison Mugler.

Reportage Dorothée Audibert-Champenois – Images @Blacknews page. – Instagram

Paulette Nardal à Paris : Elle tient Salon à Clamart et lance le concept de la Négritude bien avant les Pères fondateurs

Paulette Nardal est une théorienne du mouvement de la Négritude qu’elle insuffle à ses invités qui la visitent dans son Salon de Clamart en région parisienne. Intellectuelle, féministe, avant-gardiste, blessée de guerre, lourdement handicapée, atteinte d’un stress post-traumatique, elle ira jusqu’à l’ONU débattre des Territoires autonomes avant de revenir promouvoir la culture de son île, la Martinique. Nous sommes dans les années 1930.

Immeuble rue Hébert à Clamart dans les Hauts-de-Seine

Née le 12 octobre 1896 à Saint-Pierre, ville située au Nord de Fort-de-France en Martinique, Paulette était la fille de  Louise Nardal, une pianiste de talent et femme très pieuse (née Achille), son père Paul Nardal était le premier ingénieur noir des travaux publics de l’île. Paul Nardal sera le premier antillais francophone à décrocher une bourse pour l’École des Arts et Métiers à Paris, il termine sa carrière comme chef du service des Eaux et Assainissements. En tant qu’ingénieur, ses ouvrages sont encore visibles à Fort-de-France, on peut citer le Réservoir de l’Évêché et le Pont Absalon. La famille Nardal vivait dans une maison à la rue Schoelcher à Fort-de-France. Paul et Louise ont eu sept filles.

Paule connue sous le nom de Paulette Nardal était l’aînée des sept sœurs, elle a décrit son enfance ainsi :  « Nous étions baignés dans la musique… j’étais toujours entourée de jeunes qui s’intéressaient à l’art, mes parents organisaient des concerts et animaient des stages de musique».

Les parents de Paulette Nardal

Après ses études en Martinique, Paulette Nardal arrive à Paris en 1920, elle est l’une des premières étudiantes ultramarines inscrites à l’Université de la Sorbonne. Elle en sort diplômée en anglais. Etudiante, Paulette Nardal fréquente régulièrement Le Bal Nègre (aujourd’hui Le Bal Blomet), un club de danse et de jazz où les Noirs se réunissent. À la fin de ses études, Paulette Nardal présente une thèse sur l’abolitionniste américaine Harriet Beecher Stowe, auteure de «La case de l’Oncle Tom». Ces recherches universitaires vont l’intéresser à la lutte intellectuelle des Noirs aux États-Unis. Avant de se faire connaître par les Pères fondateurs du mouvement de la Négritude, Paulette aura été la secrétaire parlementaire de Joseph Lagrosillière, concepteur du socialisme martiniquais, puis celle du député sénégalais Galandou Diouf.

Plus tard à Paris, ses sœurs Jane et Andrée la rejoignent. Jane Nardal (ou Jeanne), était la quatrième des sept sœurs. Elle étudie la littérature à l’Université de la Sorbonne, se passionne pour les chansons spirituelles noires et contribue à leur diffusion en Martinique.

Université de la Sorbonne (Quartier Latin – 5ème arrondissement – Paris)

Paulette a vécu quinze ans à Clamart. Elle s’installe dans cette banlieue parisienne, dans les Hauts-de-Seine au sud-ouest de Paris.  En 1929, les trois sœurs Nardal, Paulette, Jeanne et Andrée ouvrent un salon parisien au 7 rue Hébert, qu’elles nomment Le Salon de Clamart. Ce salon était surtout un lieu de rassemblement où les intellectuels Noirs se rencontraient, travaillaient en réseau et réfléchissaient à la condition des Noirs. Tous préoccupés à cette époque par le colonialisme en Afrique et la discrimination raciale aux États-Unis et aux Antilles.

Clamart, où résidait Paulette Nardal, dans cet immeuble, elle «tenait» Le Salon de Clamart

Jean-Price Mars, René Maran, Marian Anderson et Marcus Garvey faisaient parti des nombreux intellectuels et artistes noirs qui ont visités le Salon. Parmi ses invités Aimé Césaire (pour lequel elle avouera plus tard avoir une «admiration béate»), Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas, qui seront considérés comme les fondateurs du courant de la Négritude. Mais aujourd’hui, les historiens attribuent au Salon de Clamart la création de l’environnement intellectuel qui a produit les idées majeures liées au concept de la négritude. Les sœurs Nardal ont également créé La revue du monde noir (la publication ne dure qu’un an) mais Paulette se fait connaître pour ses articles qui exploraient la condition des femmes noires dans toute la diaspora.

Clamart, quartier de la Gare, rue Hébert

En 1939, la guerre éclate, Paulette Nardal qui est en Martinique décide de rentrer en France et s’engage. Grièvement blessée lors du torpillage de son bateau par les Allemands, elle sera hospitalisée durant 11 mois en Angleterre et restera handicapée à vie.

Dans la période qui a suivie la Seconde Guerre mondiale, malgré les douleurs toujours présentes à une jambe et la difficulté de se déplacer, Paulette Nadal est nommée en 1946 déléguée aux Nations Unies, où elle travaille dans la Division des territoires non autonomes. Elle est la secrétaire particulière de Ralph Bunche, un anthropologue, professeur à Harvard et à Howard University, combattant pour les droits civiques avec le pacifiste afro-américain Martin Luther King, un grand ami de son cousin germain Louis-Thomas Achille.

Paulette Nardal retournera en Martinique en 1948 et crée La femme dans la Cité, dans le même temps la martiniquaise ouvrira un nouveau salon littéraire à Fort-de-France.

Paulette Nadal, qui ne s’est jamais mariée, décède à Fort-de-France en Martinique le 16 février 1985. Elle avait 88 ans.

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy
Images Clamart C’news Actus Dothy/ source Etienne Lock et Catherine Marceline et l’Association Tous Créoles

Eugénie Tell-Éboué, la guyanaise, 1ère femme ultramarine élue, sa fille Ginette, femme de Léopold Sédar-Senghor

Le dimanche 21 octobre 1945, la France fait mieux que les Etats-Unis et que la Grande-Bretagne. En donnant le droit aux femmes de se rendre aux urnes, elle permet pour la première fois dans toute l’histoire de France et des Outre-mer, d’élire 33 femmes sur les bancs de l’Assemblée nationale. Ce droit de vote gagné auprès d’un Général de Gaulle, plus stratégique que réformateur des inégalités entre hommes et femmes, restera pour la gente féminine, une victoire. Parmi les 33 femmes qui seront élues à l’Assemblée Constituante, on retiendra celle de la députée Eugénie Tell-Éboué, épouse du guyanais, homme politique français, Félix Éboué. Administrateur des colonies, proche du Général de Gaulle, l’homme repose, depuis le 20 mai 1949, au Panthéon.

Place du Panthéon, Paris V ème arrondissement

Ce dimanche de 1945, jour de repos dominical, les femmes se pressent dans les isoloirs de la République. En 1944, le Général de Gaulle décidait par ordonnance d’octroyer aux femmes le droit de choisir leurs élus. Ce qu’elles fit, un an plus tard, d’abord pour les élections municipales, le vendredi 20 avril. Puis elles reprirent le chemin des votes en octobre de la même année. Parmi celles qu’elle devaient choisir pour les représenter à l’Assemblée Nationale, toutes les professions étaient présentes, de l’infirmière, la journaliste, l’avocate, institutrice, expert-comptable, directrice de maternelle mais également des ouvrières textiles.

Félix Éboué, Eugénie Tell-Eboué et Ginette Éboué

Pour la première fois, ce dimanche 21 octobre 1945, des françaises et des français de l’Hexagone et des Outre-mer élisaient leurs premières femmes députées.

Eugénie Tell-Éboué, franc-maçonne est l’une de ces 33 femmes. Elle sera députée, conseillère de la République puis sénatrice de la Guadeloupe.

Née en 1891 à Cayenne, elle épouse Félix Éboué en 1922, et le suivit durant toute sa carrière de Gouverneur . De 1932 à 1940, elle sera en Martinique, Guadeloupe, au Soudan, au Tchad. Quand Félix Eboué se rallie à l’appel du Général de Gaulle, et devient Gouverneur de l’Afrique-Equatoriale française, Eugénie Tell-Éboué intègre de son côté ales Forces françaises libres féminines et devient infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville. Félix Éboué meurt en 1944 au Caire, en Egypte et Eugénie Tell-Éboué tandis que son épouse reçoit la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance en 1944.

Eugénie Tell-Éboué rentre alors en politique, adhère à la SFIO et devient députée de Guadeloupe, des deux Assemblées nationales constituantes entre 1945 et 1946. Elle est élue, en mai 1945, conseillère municipale de Grand-Bourg (Guadeloupe). Lors des élections sénatoriales de 1946, le 15 décembre, elle est élue conseillère de la République ce qui équivaut, sous la IV République, au mandat de sénatrice. Elle sera membre du groupe parlementaire socialiste et fera partie de la Commission à l’Éducation nationale et de la Commission à l’Intérieur.

Ginette Eboué

Eugénie Éboué est aussi la mère de Ginette Éboué qui, née en 1923 sera une résistante et une franc-maçonne engagée. Ginette Éboué femme sera la première épouse du Président sénégalais, Léopold Sédar-Senghor de 1944 à 1955. La guyanaise sera initiée en 1968 dans la loge « le Libre Examen ».

Léopold Sédar-Senghor et Ginette Éboué en 1944

Eugénie Éboué-Tell, née le 23 novembre 1889 à Cayenne est décédée le 20 novembre 1972 à Pontoise, elle repose au cimetière de Pantin Elle a été successivement, députée, conseillère de la République et sénatrice de Guadeloupe

 

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Images Senemedia/ C’news Actus Dothy 

Raphaël Élizé, le martiniquais 1er maire ultramarin en Métropole est mort en héros en 1945

Raphaël Élizé a été le premier maire noir d’une ville métropolitaine de France à Sablé-sur-Sarthe dans la Sarthe en région Pays de la Loire, au Nord-Est de la France.

Il est né en 1891 en Martinique dans une famille mixte. Augustin, son père, percepteur d’impôts est franc-maçon, et sa mère, Jeanne, eurent  huit enfants. En 1902, la famille qui habitait Saint-Pierre s’installe à Fort-de-France juste avant l’explosion de la montagne Pelée. Forcés de quitter Saint-Pierre, ils s’installent en France, le jeune garçon a 11 ans. Adolescent, Raphaël Élizé fréquente le Lycée Montaigne & Saint-Louis, le meilleur lycée de Paris puis s’inscrit à l’école vétérinaire de Lyon, il en ressort diplômé à l’été 1914, juste avant le début de la Première Guerre mondiale.

Raphaël Élizé a vingt-trois ans quand il rejoint un régiment d’infanterie colonial, d’abord en tant que soldat, puis comme vétérinaire. En 1919, le martiniquais épouse Caroline Hayotte, une métisse du pays. Peu de temps après, le couple s’installe à Sablé-sur-Sarthe. Seul noir de la ville et Membre du conseil d’administration de la Caisse d’épargne, Raphaël Élizé préside l’association locale des anciens combattants et ne tarde pas se faire apprécier comme un grand amateur de musique classique et comme photographe

En 1935, Raphaël Élizé revient en Martinique, il représente l’Association française des maires. il arrive dans sa ville natale, Saint Pierre, où il est accueilli par l’un de ses frères, le maire Maxence Élizé.

Lorsque la France entre dans la Seconde Guerre mondiale en 1939, Raphaël Élizé est mobilisé dans l’armée. En 1943, il s’engage dans le réseau de la Résistance pour recueillir des informations sur les nazis et les collaborateurs français. Raphaël Élizé sera arrêté par les nazis en novembre 1943 et envoyé en prison, d’abord en France puis au camp de concentration de Buchenwald dans le Centre-Est de l’Allemagne en janvier 1944. Un an plus tard, le 9 février 1945, il est tué par un missile allié lors d’un bombardement.

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ImagesInstitut français/grandeurmémoire

Dorothée scripte, chef-monteur et rédactrice-Web «donner de la Visibilité à notre Diaspora»

Martiniquaise, caribéenne vivant en Île-de-France, je suis Journaliste indépendante au NUJ National Union of Journalists basé à Londres et à Paris.

 Il est toujours intéressant de dire qui l’on est et ce à quoi on aspire en toute humilité …

Après des Etudes de Droit et des Etudes Socio-culturelles à l’Université Paris-Descartes, je me suis très vite dirigée vers l’Audiovisuel pour être scripte. J’ai suivi une formation longue au Conservatoire Libre du Cinéma Français et sept mois à l’INA. Puis une formation à l’Institut de l’Image et du Son (3IIS) à Trappes pour devenir Chef-Monteur pour l’Audiovisuel.
En 2015, suite à une formation intensive de Journalisme Radio mise en place par le CFPJ (Centre de Formation des Journalistes à Paris) pour les professionnels du milieu, je suis Rédactrice-Web indépendante depuis décembre 2015.

Mon objectif est de participer à la Visibilité de la communauté noire et de la diversité dans l’hexagone et en dehors. Je suis souvent nommée pour être membre du Jury à Cannes mais aussi au Festival International Haïtien de Los Angeles. Mon activité essentielle est axée autour de reportages divers entre société, santé, engagement, luttes ou questions politiques. J’aime la proximité, me rapprocher des gens et de leurs vécus et les portraits concrétisent cette envie de découvrir l’autre, ses choix, ses ambitions, ses échecs, ses malheurs et sa résilience.

J’ai beaucoup voyagé en Afrique : Burkina Faso – Etats-Unis : Los Angeles, San Diego, Las Vegas – Caraïbe : Jamaïque, Antigue, Barbade, Sainte-Lucie, Montserrat, la Guadeloupe – Royaume Uni : Londres, Cambridge – Italie : Rome – Allemagne.
Je me définis comme une cinéphile, « éperdument » amoureuse de l’image et des histoires qui vont avec, des films italiens, américains, européens, africains et caribéens. De nombreuses rencontres m’ont fait côtoyer Will Smith à Cannes, Rita Marley en Jamaïque, Antonio Banderas ou Pablo Almodovar au Festival de Cannes. Et j’attends …

Oups, j’ai eu un petit rôle dans la “Rue Cases Nègres” dirigée par la martiniquaise Euzhan Palcy et joué dans Antigone de Sophocle ou dans Othello de Shakespeare. Des pièces de théâtre adaptées par d’illustres professeurs  comme le metteur en scène franco-belge Pierre Debauche, fondateur notamment du Théâtre des Amandiers de Nanterre et du Théâtre du Jour à Agen. Et donné la réplique à Alain Lenglet sociétaire au Conservatoire d’Art Dramatique de Paris.

Et un grand salut à Joby Bernabé, notre plus grand conteur vit à la Martinique ! Une pensée à Aimé Césaire qui, comme un père, m’a tendue la main quand, stagiaire au théâtre, j’en avais besoin.

Dorothée Audibert-Champenois (Dothy), rédactrice web. Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy

Depuis New York, l’influenceuse haïtienne Paola Mathé partage ses astuces de beauté sur son site «Fanm Djam»

Créatrice du site « Fanm Djanm », Paola Mathé, tire (dit-elle) son inspiration des cultures africaines et asiatiques.  Sa philosophie :

« La beauté, c’est quand on est à l’aise avec soi-même sans s’excuser – il s’agit de se sentir bien. Le bien-être vient du fait de vous traiter vous-même et ceux qui vous entourent avec soin et amour. »

Paola Mathé a déménagé jeune à Newark dans le New Jersey, c’était juste avant de rentrer au lycée.

« Je me souviens d’avoir été taquinée au lycée parce que je m’habillais de façon colorée.  Je viens d’une culture colorée. Notre rire est coloré. Notre nourriture est colorée. Même nos éternuements sont colorés! Je dis toujours que mon rêve est de partager ces couleurs avec le monde. » avoue la caribéenne adepte du « Maré Têt »

Ce talent pour bien attacher son fichu, un Art.

« Qui nous vient de notre Afrique Ancestrale. Une tradition qui se perpétue dans l’Archipel antillais. Le foulard bien fixé sur la tête, une coutume qui remonte de la période esclavagiste, dans les colonies. »

En Martinique et en Guadeloupe, le madras porté dans de nombreuses circonstances a laissé place aux foulards unis, plus longs mais toujours colorés et harmonieux avec les tenues choisies par les antillaises ou africaines. Depuis quelques années, beaucoup de créatrices et de créateurs revalorisent à leur manière cet héritage.

« Quand j’avais environ 10 ans, j’ai attaché un foulard autour de ma tête et il a attiré mon attention dans le miroir. C’était la première fois que je me sentais belle. Après cela, j’ai traversé des phases avec mes cheveux – je les ai relâchés, je portais des extensions, j’avais des tresses, j’avais un afro – tout cela fait partie de ma culture, nous aimons porter nos cheveux différemment. Mais j’ai commencé à porter plus de couvre-chefs quand j’ai déménagé à New York. »

Née en Haïti et originaire de Pétion-Ville, Paola Mathé vit à New York.

« J’ai déménagé à New York après l’université, et c’était une bouffée d’air frais! Il y a tellement d’inspiration de style. Je vis à Harlem et je suis amoureux des vêtements traditionnels portés par les femmes ouest-africaines. J’adore regarder les hommes de la vieille école avec des chapeaux cool, les dames plus âgées avec leurs chapeaux d’église et les jeunes professionnels tous habillés pour le brunch. New York est l’endroit où je me suis retrouvée « 

Paola Marthé n’est pas avare de conseils qu’elle partage avec ses abonnés Instagram

« Mes lèvres se dessèchent facilement, et pour éviter de peler, j’exfolie avec de l’huile de coco et un gant de toilette chaud. Ensuite, j’applique toujours un hydratant pour les lèvres de base comme Carmex ou Blistex avant le rouge à lèvres.

Son avis sur les peaux noires et, comment sublime t-elle la sienne ? 

« Frotter ma peau avec un gant de toilette! Et je passe du temps à hydrater mon corps. C’est mon cadeau pour moi. J’essaie de ne pas penser au travail pendant cette période et de masser la lotion et l’huile sur ma peau en me préparant le matin. J’utilise une lotion super hydratante, garnie de noix de coco ou d’huile d’amande douce, et dans l’huile de ricin d’hiver. J’ai une peau vraiment sèche, donc si je ne m’hydrate pas, j’ai de gros ennuis. »

La coiffe nouée sur la tête.

« Cet Art  de la coiffe qui revient pour magnifier  la beauté des femmes noires qui les portent avec la même élégance et le même port blackness que leurs ancêtres ».

Paola Mathé adore changer de couvre-chef

« C’est une célébration de qui je suis – ma culture, ma couleur, mes luttes. Ils me permettent de m’élever encore plus et de me sentir plus en confiance. J’adore aussi les porter dans différents styles. Cela symbolise  aussi la créativité, la patience et l’amour. »

Voici des Fanm Djanm dans toutes les nuances de rose d’après Paola Mathé.

« Chez Fanm Djanm, nous sommes passionnés par notre mission de soutenir et d’autonomiser les femmes. Dans le cadre de cette initiative, nous sommes ravis de nous associer à Haïti Design. Haiti Design Co est un centre de formation et de production employant plus de 150 personnes en Haïti. Haiti Design Co conçoit des pièces simples mais élégantes et ces belles boucles d’oreilles se marient parfaitement avec nos bandeaux, bandeaux et bandanas. » (Fanm Djam)

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy
Source interview A cup of Jo –
Images Paola Marthe Instagram

Queenn Ci : La DJ music mixer électrise entre Jazz et Afro Caribbean grooves

Queenn Ci est originaire de la Martinique.

En juin 2016, Queenn Ci avec son Pass de résidente, a fait un passage remarqué durant trois jours au Festival Afropunk. Elle témoigne dans le magazine Dangerous Awesomeness de la même année :  « Afropunk, c’est une histoire de musique, des racines, de diversité, de tolérance et de style. On y rencontre tout type de personnes et, je ne sais pas si on les sélectionne ou si c’est parce que ce festival provoque en moi un état d’euphorie, mais sérieusement… tout le monde est beau là-bas »

Cette année 2017, on la retrouve avec ses platines pour différents concerts, en août en Martinique et en septembre en métropole.

Queenn Ci qui vit en région parisienne se présente : « Queen Ci ‘s first of all, a music lover and a taste maker, music has no limits! »

Son Mix s’inspire de son héritage tiré de l’Afro house, du Jazz, du Funk, du Broken Beat et de l’Afro Caribbean grooves : « Si on considère la musique comme de l’art, sa forme d’expression ne doit donc jamais se limiter aux tendances, aux modes, aux sexes, aux époques, aux pays. »

A découvrir, la DJ music mixer électrise avec ses sets, dans les clubs aux Antilles, à Paris ou à Toulouse dans une ambiance Clubbing et de Caribbean Music.

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter C’news Actus Dothy
Images Facebook Queenn Ci.