Le panafricanisme n’est pas exclusivement réservé aux ressortissants d’Afrique noire, Touria Salhi en est la preuve.
Ouverture du Festival du Film Panafricain, mercredi 17 avril 2019
Au dernier Festival International du Film Panafricain, la marocaine a brillé aux côtés de deux autres présentateurs, Maklor Babutulua et Soémy Nougay. L’occasion de connaître cette femme qui malgré son handicap a réussi un nouveau challenge, séduire et capter l’attention d’un public de cinéphile venu à Cannes pour la 16ème édition du FIFP.
Au micro, le fondateur du FIFP, Basile Nguangue Ebelle
Souriante serait l’un des seuls adjectifs qui pourraient être attribués à Touria Salhi tant la marocaine illuminait les podiums du Festival 2019. Tantôt présentatrice de Gala ou animatrice de débats, Touria a su montrer le meilleur d’elle-même durant les cinq jours de l’événement. De visiteuse en 2018, année qui marquait les 15 ans d’existence du Festival du Cinéma Panafricain de Cannes, celle qui vit depuis sa petite enfance en Belgique a su convaincre Basile Nguangue Ebelle de lui confier les rênes de ce festival qu’elle découvrait pour la seconde fois. Un Festival dont le fondateur Basile Nguangue Ebelle a pour mission de «valoriser le cinéma, les artistes et les entrepreneurs d’origine africaine ».
Maklor Babutulua et Touria Salhi avant le Gala de charité à l’hôtel Martinez
Créer des synergies, réfléchir ensemble sur les problématiques que rencontrent ces personnes de la diaspora, échanger autour de valeurs communes, ce sont là les objectifs du Festival qui sont aussi ceux de Touria Sahli. Membre du Comité Africa Belgium auprès de la présidente Jeanne Cremer, elle est active dans cette organisation de puis six ans. Partenaire du FIFP (Festival du Film Panafricain), l’association belge se veut d’innover en ouvrant le concours de beauté à toutes les filles d’origine africaine, les subsahariennes comme les jeunes d’Afrique du Nord.
Hôtel Martinez à Cannes, Samedi 20 avril 2019
Mais Touria Salhi, a d’autres cordes à son arc. Depuis 10 ans, Touria Salhi fait partie de l’Association Safari des Anges qui vient en aide aux enfants défavorisés en Belgique et en Afrique. L’institution a comme projet à court terme de construire une école pour enfants aveugles et malvoyants en Afrique, un handicap qui touche particulièrement la présentatrice qui se confie rarement sur cette gêne oculaire.
Touria Salhi et Maklor Babutulua
Si sa coquetterie dans l’œil n’est pas visible Touria Salhi qui a subi de nombreuses interventions est pourtant une miraculée. Son handicap, elle l’assume aujourd’hui tout en se défendant d’être une charge dans cette société où être différent est encore une difficulté : « Nous ne sommes pas un handicap, une maladie ou une différence physique qui ne rentre pas dans les normes. Un être doit être vu, avant tout, comme quelqu’un qui peut apporter une contribution au monde qui l’entoure » précise fermement Touria.
Nolda DI Massamba (Jury), Soémy Nougaille (co-présentatrice) et la presse
Les douleurs, elle les a affrontées dès les premières années : « J’ai eu une vue très faible et je devais même recopier les notes quand je ne voyais pas au tableau. » Après l’adolescence, une hémorragie ne lui laisse qu’un œil dont la vue faible est corrigée à l’aide d’une lentille. Cette volonté d’être pareille à ses copines, lui a permis « Même si c’était difficile au début » de faire des études de Communication et de Relations publiques. Depuis 15 ans, Touria travaille comme Chargée de Communication en Belgique où elle réside depuis l’age de 3 ans.
Défilé de mode, créatrice Antoinette Afoutou
« Etudiante, je me disais qui voudrait d’une présentatrice qui a un handicap en plein visage ? », complexée elle rêve pourtant de « faire de la télévision ». Touria Salhi s’interroge. Son salut vient de la radio : « Là au moins personne ne pouvait me voir ! Mais à mon grand étonnement on voulait me voir ! ». Sollicitée en Belgique, Touria commence une carrière de présentatrice et la jeune chargée de communication devient modératrice de débats et de conférences. dans le même temps elle se lance dans la présentation d’événements culturels en Belgique.

« En me faisant confiance, tous ceux qui m’ont sollicitée ont décuplé ma passion des médias et je me rends compte que cela m’apporte beaucoup de bonheur de rencontrer tous ces gens. Je me redécouvre et m’aime » explique Touria Salhi qui, aujourd’hui participe au Festival Panafricain de Cannes.

« Juste époustouflant ! ». Du mercredi 17 avril au dimanche 21 avril 2019, Touria Salhi immergée dans le monde du cinéma a vécu de grands moments d’émotions et pris conscience des difficultés que rencontrent les cinéastes panafricains. « Je souhaitais montrer le parcours des réalisateurs, qui souvent ont peu de moyens pour produire leur film. Ils nous ont expliqués qu’il n’était pas nécessaire d’attendre des finances pour exister dans cette grande industrie » souligne la co-présentatrice du FIFP.
Débats avec les réalisateurs et comédiens, animation de salle, Touria Salhi co-équipière se synchronisait avec ses partenaires qui eux assuraient les interviews des intervenants, des invités et des cinéastes.

Cinq jours de Festival où sa détermination et son envie de communiquer ont de nouveau permis à la marocaine Touria Salhi de s’élever un peu plus dans un monde où tout peut être possible : « J’aimerais essayer d’épargner à de nombreuses personnes de rester enfermées derrière leur complexe » conclut la co-présentatrice du 16ème Festival International du Cinéma Panafricain.
Propos recueillis par Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter C’news Actus Dothy
Crédit photos C’news Actus Dothy – Maklor Babutulua – Touria Salhi
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