Haïti : Des enfants sans écoles deviennent des gangsters

Les Nations Unies (ONU) ont publié un communiqué dimanche 3 juillet 2022 sur la criminalité en Haïti.  Elles notent que depuis 2020, la violence liée aux gangs a entraîné la fermeture de nombreuses écoles en Haïti. En conséquence, les enfants sont devenus «une proie facile pour le recrutement des criminels». L’organisme international affirme que l’augmentation de la criminalité limite l’accès à l’éducation. Elle empêche la scolarisation de milliers d’enfants haïtiens.

Selon un autre rapport publié par deux organisations locales axées sur les jeunes, 13 % des enfants interrogés dans un quartier en difficulté de Port-au-Prince déclarent avoir été en contact direct ou indirect avec des membres de gangs armés. Une fois recruté, il est difficile pour un jeune de quitter l’organisation criminelle. Et selon l’ONU, alors que les recruteurs proposent beaucoup d’argent aux enfants, ils sont dans le même temps, menacés de mort.

Les enfants dans la guerre des gangs

Cette année, la guerre des gangs s’est intensifiée insiste l’ONU. Un demi-million d’enfants ne sont plus en classe. Selon les chiffres du gouvernement, à Port-au-Prince, environ 1 700 écoles sont fermées. L’ONU a noté que le nombre d’élèves dans les classes a diminué. Passant de 238 000 au début de la crise des gangs en avril à 184 000. La violence, les fermetures d’écoles et l’oisiveté «conduisent inexorablement à l’enrôlement d’enfants dans des groupes armés» atteste l’Organisation des Nations Unies.

«Ils m’ont dit qu’ils me tueraient si je ne voulais pas rester avec eux.»

«Cela m’attriste que les enfants qui veulent apprendre et les enseignants qui veulent éduquer ne puissent pas le faire parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité». C’est le témoignage de Steve, un jeune prévenu. «Chaque jour, quand ils m’envoyaient guetter la police, ils me payaient  jusqu’à 2 500 gourdes haïtiennes (21 euros)». «Ils m’ont dit qu’ils me tueraient si je partais.»

«Les enfants doivent pouvoir aller à l’école en toute sécurité, jouer et profiter librement de la vie et avoir la chance de se développer au maximum de leur potentiel» regrette l’enfant de 15 ans. Mais c’est un peu tard pour Steve qui rêvait de devenir enseignant avant que sa vie ne bascule l’an dernier. L’enfant des rues, désœuvré, a été arrêté. Il attend son procès pour des accusations liées à son activité de gangster.

La violence touche un nombre croissant d’établissements

Une évaluation du ministère de l’Éducation entre avril et mai 2022 est édifiante. Elle indique qu’un grand nombre d’écoles sont actuellement occupées par des gangs. D’autres servent d’hébergement temporaire aux familles victime de violence chronique dans le pays.

Source ONU/CNW – Dorothée Audibert-Champenois – Facebook @Blacknews Page Images ©️ONU – Los Angeles Times – Channelstv – Newsrebeat – LeMonde US

Cynthia Saint-Fleur, sa montée des marches, ses temps forts à Cannes

Jeudi 26 mai 2022, il est 23 heures, l’actrice Cynthia Saint-Fleur s’apprête en toute hâte. La jeune actrice vient d’apprendre qu’elle a un ticket pour une montée des marches au Palais du Festival. Une surprise comme il en arrive rarement au Festival de Cannes. Les places sur le tapis rouge du Palais sont distribuées parcimonieusement. Mais un ami, ce soir-là a eu des places gagnantes pour l’avant-première mondiale du film Rebel des réalisateurs belgo-marocains Adil El Arbi et Bilall Fallah. Un moment fort pour la comédienne d’origine haïtienne. Un bonheur qui se brouille quand elle se retrouve sur les marches du Palais du Festival. Il est pile minuit, ses talons se cassent. Qu’importe, Cynthia Saint-Fleur monte d’un pas décidé, les quelques marches, mais les pieds nus. Une première à Cannes ! sa troisième montée des marches !

Cannes, ville internationale du Cinéma

Cynthia Saint-Fleur, actrice, comédienne et autrice (Cannes 2022)

Son premier passage au Festival de Cannes, c’était en mai 2019. Et pour l’actrice et réalisatrice, c’était déjà un exploit. En 2021, c’est en juillet qu’elle revient, la même année où sa compatriote Gessica Généus, présente son film « Freda». Huit minutes de standing ovation, le film fait sensation à Un Certain regard. Cette année encore, la dynamique Cynthia Saint-Fleur n’a presque rien raté du programme qu’elle s’était fixé. Rencontres et échanges ont émaillé ses deux semaines de Festival.

Arrivée dès le début de l’événement, elle pose ses valises dès le 17 sur la Croisette avec plusieurs projets pour ce séjour.  « Comme cinéaste, je suis venue avec deux projets. Le premier est un long métrage Sélection Naturelle. Et, à Cannes, j’espère trouver des financiers pour développer ce projet. Je suis également venue au Festival avec un projet de série que j’ai pitché auprès de plusieurs producteurs. » nous explique la réalisatrice qui prévient « Je ne suis qu’une apprentie réalisatrice.  »

Cynthia Saint-Fleur au Festival de Cannes en 2019

La comédienne projette de réaliser un vrai court-métrage d’ici la fin de l’année 2022. Pour l’heure, elle nous liste les moments forts de cette nouvelle édition. Comme cette « improvisation que j’ai eue l’occasion de faire avec Bertrand Usclat de Broute. Cannes en fait, donne l’opportunité de croiser les vedettes de nos petits écrans, c’est un moyen de les aborder en toute simplicité. Un de mes amis à même croiser Idris Elba qui se promenait. »

Seulement, l’actrice et apprentie-réalisatrice a quelques regrets. L’occasion de pousser un gros coup de gueule. Elle se cabre et ne décolère pas. « Le Festival a organisé une table ronde avec comme thème : Qu’est-ce que c’est être cinéaste aujourd’hui? Et pour répondre à cette question, il y avait environ 9 réalisateurs, pas une seule réalisatrice. Seulement des réalisateurs âgés de plus de 50 ans et évidemment tous blancs. C’est juste une image qui m’est insupportable. C’est vraiment violent de ne pas se sentir représenté. Ni dans son genre, ni dans sa diversité. » commente Cynthia Saint-Fleur.

Les afrodescendants français, les grands oubliés de Cannes

Pavillon Afriques, mai 2022

Après deux ans de léthargie, avec éclat, le Festival de Cannes renoue avec les montées de marches. Et des stars, il y en avait pleins les yeux sous les projecteurs. Un grand nombre de stars américaines dont beaucoup d’afro-américaines ont foulé le tapis rouge cannois. Cynthia le confirme : « Oui, beaucoup de Stars Afro-américaines. Oui ça fait beaucoup rêver. » Mais Cynthia s’interroge « Les Afro-américains ont toute leur légitimité à être là, mais où sont tous les afro-européens, d’origine africaine et caribéenne ? Et comme le dit si bien Viola Davis ‘on ne peut pas recevoir des prix, on ne peut pas recevoir des distinctions pour des rôles qui n’existent pas. » Dépitée mais pas résignée, elle rajoute « En France on en est encore là. Il y a très peu de rôles qualitatifs, quantitatifs proposés aux Afro-descendants français. Ce sont, eux, les grands absents du tapis rouge. » Même si Omar Sy dans Les Tirailleurs et Annabelle Lengronne dans Un Petit Frère semblent contredire la réalité, trop peu de films des afro-européens composent, hélas, la sélection officielle, note la réalisatrice d’origine haïtienne.

Cynthia Saint-Fleur au Pavillon Afriques - Village International

Le Pavillon Afrique ouvert en 2019 est donc une aubaine pour pallier le manque d’inclusivité dans ce Festival. Cynthia nous assure qu’elle se sent comme chez elle quand elle franchit le seuil  « Le pavillon Afrique est un peu The Place To Be. Sur ce Pavillon, il y a beaucoup d’inclusion, il y a des Blancs, des Indiens, des Asiatiques, des Maghrébins. Des personnes que l’on ne voit pas au Palais du Festival. Ce Pavillon qui propose des tables rondes et des temps forts, a un rôle fédérateur, je trouve. »

La magie cannoise

Cynthia Saint-Fleur sur la Croisette

Du 17 au 28 mai 2022, c’est la magie à Cannes, avec un nombre de visiteurs qui se démultiplient. «La magie cannoise, ça passe par le soleil, ça passe par une météo qui était magnifique. mais aussi par les tenues et les sourires des personnes qui viennent pour cela. Et surtout par le nombre de films en compétition » s’enthousiasme la caribéenne.

« Déterminée, ambitieuse et audacieuse » sont les mots qu’a choisis la réalisatrice pour décrire Cannes 2022. « Je suis venue à Cannes, chercher l’énergie et les partenaires dont j’ai besoin. J’ai eu de bons contacts. Donc forcément ce sera un retour fructueux.» reste convaincue Cynthia Saint-Fleur. « On verra en 2023, si tous ses efforts vont apporter des fruits ».

En attendant, la comédienne prête sa voix à un documentaire sur « Le Chevalier Saint-George » pour France Télévisions, actuellement en ligne et bientôt diffusé sur le petit écran. Cynthia Saint-Fleur est aussi au casting de « Jeanne Duval » pour la Télévision.

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Cannes : Jacquil Constant et «Haiti Is A Nation Of Artists»

Cannes du 17 au 28 mai 2022, sera un moment épique pour Jacquil Constant. Le réalisateur et fondateur du Festival Haïtien de Los Angeles s’invite pour la première fois dans le Sud de la France pour présenter son film «Haiti Is A Nation Of Artists». Si le cinéaste haïtien a pu inscrire sa réalisation au Short Film Corner (marché du Film), il sera également présent au Pavillon Afrique. Une structure lancée depuis quelques années par la martiniquaise Karine Barclais. L’espace de rencontres de professionnels de l’industrie du cinéma est situé dans le village du Festival.

«Je suis ravi d’aller au Festival de Cannes via le Pavillon Afriques en France ce week-end pour représenter mon long métrage documentaire, 〈Haïti est une nation d’artistes〉, en sélectionné par le Pavillon.  Si vous êtes au Cannes, j’espère vous voir à la projection» a déclaré le réalisateur haïtien, alors qu’il était encore en voyage vers la France.

Le film documentaire «Haiti Is A Nation Of Artists»

«Haiti Is A Nation Of Artists», Le film documentaire qui  sera projeté au Pavillon Afrique parle d’artistes haïtiens créant un art «transformationnel» après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010. «Le documentaire dépeint l’humanité de la culture haïtienne à travers l’objectif d’un cinéaste haïtien-américain qui cherche à élever la riche diversité d’Haïti et de son héritage historique.» peut-on lire sur le site du Pavillon Afrique au Festival de Cannes.

Le documentaire sera vu le samedi 21 mai 20200 de 19 h 00 à 21 h 30.

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Londres honore la seule et unique reine d’Haïti Marie-Louise Christophe

Wilford Marous, le Président de la Chambre de commerce haïtienne au Royaume-Uni, son Vice-président Michelet Romulus, le Nubian Jak Community Trust et plusieurs personnalités haïtiennes ont honoré à Londres en début de semaine, la première et unique reine d’Haïti. L’épouse du célèbre Roi Christophe née  Marie-LouiseCoidavid-Melgrin le samedi 1er août 1778 au Cap François sur l’habitation Bédiou, commune de Ouanaminthe en Haïti. En 1792, elle est très jeune quand elle devient la maîtresse du Général Christophe et un an plus tard, à  ses quinze ans Marie-louise épouse, le général Christophe âgé de vingt-six ans.

Nous sommes en 1820 quand une révolution éclate au sein du Royaume haïtien. Le prince royal, son fils Victor-Henry Christophe est tué par des insurgés. La monarchie est abolie.  La reine et ses deux princesses arrivent en Angleterre en septembre1821. Marie-louise Christophe était désignée dans les calendriers royaux haïtiens comme « l’auguste reine des haïtiens ».

 

La plaque qui l’honore a été dévoilée ce lundi 7 février 2022 au 49 Weymouth Street, Marylebone à Londres dans le district de la Cité de Westminster. Là où elle a vécu entre 1821 et 1824. La Chambre de commerce haïtienne en Grande Bretagne a eu l’honneur de participer à cet événement historique. Un moment chargé d’émotions pour la communauté haïtienne qui salue la présence du Lord Mayor of Westminster, Andrew Smith,  de l’Ambassadeur de la République d’Haïti à Londres, SE Euvrard Saint Amand et de Lord Leslie Griffiths.

De gauche à droite : Michelet Romulus (Vice Pdt Chambre de Commerce haïtienne), 
Euvrard Saint Amand (Ambassadeur), Andrew Smith (Lord Mayor of Wesminster),
 Wilford Marous (Haitian Chamber UK Pdt), Dr Nicole Willson (Chercheuse-Researcher)

C’est en 2019 que Nicole Willson, chercheuse à l’Université de central Lancashire sort de l’oubli l’unique reine haïtienne Marie-Louise Christophe. Elle découvre alors une copie de son testament aux Archives nationales du Royaume-Uni.

L’occasion pour la chercheuse de retracer les demeures et le parcours de cette famille royale haïtienne en Grande-Bretagne.

Après la mort de son époux et l’assassinat de ses fils, Marie-Louise Christophe se rendit en Grande Bretagne avec ses filles fin 1821. Elle y passa les trois années suivantes de sa vie. D’abord recueillie par l’abolitionniste Thomas Clarkson, elle occupa différents logements à Blackheath et Hastings avant de s’installer à Marylebone, où elle vécut jusqu’en 1824. Elle quitta ensuite l’Angleterre avec ses filles pour l’Europe.

49 Weymouth Street - W1G 8NG Londres où a vécu l'unique reine haïtienne, Marie-Louise Christophe

Marie-louise était désignée dans les calendriers royaux haïtiens comme « l’auguste reine des haïtiens » et était, selon la presse britannique du XIXème siècle « aimée de tous les rangs et de toutes les conditions » . Dans son exil européen, elle a fait preuve d’un courage, d’une résilience et d’une détermination sans précédent. La reine Marie-Louise Christophe a perdu de nombreux membres de sa famille au cours de sa vie. Elle a vécu selon la maxime du Royaume haïtien « Je renais de mes cendres ».

Wilford Marous, Michelet Romulus Chambre de commerce haïtienne au Royaume

Le président de la Chambre de commerce haïtienne, Wilford Marous et son équipe ont tenu à remercier leur collaboratrice le Dr Nicole Willson pour « avoir pris le temps de faire les recherches pour la réalisation de ce grand projet. C’est le résultat d’un partage exceptionnel d’héritage entre le Royaume-Uni et Haïti. Cette collaboration fructueuse a permis à ce grand projet historique de se concrétiser. Longue vie à la reine ! » a déclaré Wilford Marous.

https://youtu.be/9XOhMr2Fmh0

Dorothée Audibert-Champenois – Source et Images ©️ La Chambre de Commerce Haïtienne au Royaume Uni – Facebook @Blacknews Page 

 

Haïti, le pays le plus corrompu des Caraïbes selon le rapport TI

Transparency International (TI) a publié le 25 janvier dernier le classement mondial de l’Indice de Perception de la Corruption 2021 (IPC 2021). Le rapport de TI montre qu’au fur et à mesure que les droits et les libertés s’amenuisent et que la démocratie s’affaiblit, l’autoritarisme s’installe, entraînant des niveaux de corruption plus élevés. Dans la Caraïbe, la République d’Haïti est épinglée par le TI.

Une légère régression mais pas suffisante

Haïti qui était 168e en 2020, avance de 4 places au niveau mondial et se retrouve à la 164e place (ex æquo avec les Comores, le Nicaragua, le Soudan et le Chad). Cette légère amélioration d’Haïti dans l’IPC 2021 résulte des efforts soutenus réalisés par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) estime Me Hans Jacques Ludwig Joseph, Directeur Général de l’ULCC.

Malgré cette légère amélioration au niveau mondial Haïti occupe quand même la dernière place des Caraïbes comme étant le pays le plus corrompu. Avec un score de 20/100 Haïti se retrouve également parmi les 3 derniers pays les plus mal classés des pays d’Amérique Latine (Haïti 20/100 ex æquo avec le Niccaragua 20/100 juste avant le Venezuela, bon dernier avec 14/100 et 177e au monde).

Danemark, Finlande et Nouvelle Zélande forment le top 3 des pays les moins corrompus au monde.

Source Transparenci InternationalDorothée Audibert-Champenois – Facebook Blacknews Page – Image

 

Marie-Claire Félicité Bonheur, la bienfaitrice impératrice d’Haïti

Marie Claire Félicité Bonheur était Impératrice d’Haïti de 1804 à 1806.

Deux ans de règne impérial, marquées par sa générosité, sa tolérance et son abnégation. La caribéenne, épouse de Jean-Jacques Dessalines est née libre dans une famille pauvre à Léogâne, à quelques kilomètres de la capitale, Port-au-Prince.  Fille de Guillaume Bonheur et de Marie-Élisabeth Sainte-Lobelot, la jeune haïtienne est éduquée par sa tante. Sa tutrice est donc la veuve Elise Lobelot, gouvernante d’un ordre religieux.

Depuis 1626, Haïti est une colonie française appelée Saint-Domingue. Nous sommes en 1758 et c’est la plus riche colonie des Antilles. Haïti compte environ 200 000 esclaves. La colère enfle sur l’île. Les esclaves veulent leur liberté, les planteurs-colons blancs veulent se libérer de la tutelle métropolitaine et les mûlatres exigent l’égalité avec les maîtres blancs. La cérémonie du « Bois caïmans » sera le point d’orgue de la guerre d’indépendance qui se profile. Déjà 1800 colons sont tués et leur plantation brûlées. Le noir Toussaint Louverture et le mûlatre André Rigaud s’affrontent à Jacmel.

Cérémonie du Bois Caïman, oeuvre d'Ulrick Jean-Pierre, peintre américain d'origine haitienne

L’épouse de Jacques 1er, une impératrice tolérante

Le cours de Jean Jacques Dessalines (1758-1806), empereur d'Haïti.

Lors du siège de Jacmel en 1800, Marie Claire Heureuse Félicité Bonheur se fait un prénom en travaillant pour les blessés et les indigents. Elle réussit à convaincre Jean-Jacques Dessalines (qui est le lieutenant de Toussaint Louverture) de libérer l’accès des routes vers la ville, pour faciliter les secours des blessés. Félicité pourvoit alors aux femmes et aux enfants de la nourriture, des vêtements et des médicaments. L’histoire retient qu’elle « organise des repas dans la rue ».

Au rétablissement de l’esclavage, en pleine révolte Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance de Saint-Domingue, à laquelle il donne son nom indien d’Haïti. De Gouverneur général à vie, il devient empereur sous le nom de Jacques 1er.

Quoique plus âgée que Jean-Jacques Dessalines, elle l’épouse le 2 avril 1800. Puis devient l’Impératrice Félicité d’Haïti lors de la création de la monarchie d’Haïti. Elle est couronnée avec son mari à l’église du Champ-de-Mars le 8 octobre 1804. Le couple aura quatre filles et trois fils. La nouvelle impératrice, bienveillante, légitimera les nombreux enfants issus des aventures adultérines de son époux.

L’impératrice Félicité veille aux bons soins des prisonniers

L’épouse de Jean-Jacques Dessalines loue gracieusement son temps dans l’éducation mais aussi dans le domaine de la santé en tant qu’infirmière. Elle enseigne les rudiments de la lecture et de l’écriture à son époux. Alors que Jean-Jacques Dessalines donne l’ordre de massacrer les hommes Blancs encore présents sur l’île, Félicité Bonheur contraste par sa tolérance et son soutien aux personnes Noires, Blanches ou Mulâtres. Les récits historiques soulignent l’élégance et le  courtoisie de l’impératrice. Ignorant la colère de son époux, elle veille aux besoins des prisonniers, et sauve beaucoup d’entre eux pendant le massacre d’Haïti de 1804. À genoux, elle le suppliera d’épargner leur vie. L’impératrice en cachant sous son propre lit l’un d’eux, Michel Étienne Descourtilz, médecin dans l’armée rebelle de Toussaint-Louverture, en fera un grand témoin de « la fin sanguinaire de la colonie française de Saint-Domingue ».

Une fin de vie misérable

Après la mort de Dessalines en 1806, Félicité Bonheur refuse l’offre du roi Henry Christophe de s’installer avec sa famille. Veuve, elle fut titrée princesse douairière le 17 octobre 1806. Les biens de son défunt mari ayant été confisqués, l’impératrice vécut dans la misère à Saint-Marc (deuxième ville du département de l’Artibonite) jusqu’en août 1843 après avoir obtenue une pension de 1 200 gourdes.

Elle décède le 8 août 1858 aux Gonaïves.

Carte de saint-Domingue

Dorothée Audibert-Champenois – Facebook Blacknews Page – Image LoopHaïti – Wikipédia Ulrick Jean-Pierre

 

Haïti : Explosion d’un camion-citerne, 50 morts, des blessés, des maisons incendiées

Au moins 50 personnes ont été tuées après l’explosion d’un camion-citerne dans le nord d’Haïti, au Cap-Haïtien. Le véhicule, impliqué dans un accident, s’est enflammé, au moment où les riverains ont essayé de récupérer du carburant qui fuyait. Selon les autorités, les hôpitaux locaux sont débordés par les blessés. Le Premier ministre Ariel Henry a déclaré trois jours de deuil et annoncé que toute la nation des Caraïbes était en deuil après l’accident.

Une immense boule de feu

Mardi 14 décembre vers minuit 30, un camion citerne chargé de carburant s’est renversé à l’entrée Est de Cap-Haïtien entre le Rond point Samari et Pont Grand-bois.

Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent un incendie intense. Un témoin a qualifié d’« enfer le lieu où a eu lieu l’explosion ». Des dizaines de personnes ont été blessées. Les médecins craignent que le nombre de morts n’augmente. « Nous n’avons pas la capacité de traiter le nombre de personnes gravement brûlées », a déclaré une infirmière du CHU Justinien à l’agence de presse AFP. « Je crains que nous ne puissions pas tous les sauver. »

« Nous avons besoin de ressources humaines, mais aussi de ressources matérielles, à savoir du sérum, de gaze et tout ce qui peut être utilisé en cas de brûlures graves », a lancé le maire Pierre Yvrose. Le maire adjoint Patrick Almonor a indiqué que les victimes qu’il avait vues avaient été si gravement brûlées qu’elles étaient impossibles à identifier.

L’enfer au Cap-Haïtien

Une vingtaine de maisons de la région ont été incendiées par l’explosion. Le bureau des Nations Unies en Haïti a déclaré qu’il était prêt à aider les autorités nationales.

La mairie est dans l’impossibilité pour le moment d’établir un bilan précis de cette tragédie.

Dorothée Audibert-Champenois – Source Haïti Libre/BBC News – Images BBC – Facebook  Blacknews Page Data Journaliste

«Yafa» : Luc Saint-Eloy fier de l’Ubuntu d’Or de Christian Lara

Les lumières s’éteignent sur les Champs-Elysées, le cinéma Lincoln clôture sa dernière journée de Festival. Ce samedi 30 octobre 2021, deux acteurs attendent le palmarès de la troisième édition de « L’Afrique fait son cinéma ». Trois films sont programmés pour la cérémonie de clôture. Presque 21 heures quand commence la remise des Ubuntu d’Or. Après les séries télévisées et les courts métrages de fictions et documentaire, c’est au tour des longs métrages. Luc Saint-Eloy et Sidiki Bakaka n’ont pas les mots pour traduire leur surprise. Le long métrage de Christian Lara, Yafa, Le Pardon reçoit le grand prix du Festival. L’Ubuntu d’Or, la consécration !

Chaviré d’émotions, les deux acteurs antillais et africain se confient. Un entretien exceptionnel qu’ils nous accordent. « C’est un grand moment. Aujourd’hui, c’est la première sortie officielle de «Yafa, Le Pardon». C’est sa première diffusion parisienne et nationale. Et cette 24 ème production de Christian Lara, remporte le grand prix du Festival. Avoir l’Ubuntu d’Or, c’est vraiment mérité. C’est un honneur de représenter Christian Lara en compagnie de Sidiki Bakaba. C’est le trait d’union entre l’Afrique et les Antilles. Je suis très content. Ravi pour Christian Lara mais aussi pour toute l’équipe du film ». 

«Yafa, Le Pardon» est «un film courageux»

Luc Saint-Eloy ne cache plus sa joie. Il en est sûr  : « Ce film est très mérité car c’est un film courageux. C’est un film que Christian appelle une mémory-fiction. C’est un film qui démasque et dénonce le mensonge européen. C’est un film qui nous apprend beaucoup plus sur notre passé. Il nous révèle tout ce que l’on nous a cachés. C’est un long métrage qui nous dit d’où nous venons. Il dit à l’Europe « vous avez eu tort de mentir à ce point. Vous avez eu tort de falsifier l’histoire ».

Tous les enfants arrachés d’Afrique, que sont-ils devenus ? c’est à l’une de ces nombreuses questions que s’intéressent «Yafa, Le Pardon». « C’est nous, c’est Christian Lara, ce sont les Antillais, les Antillo-Guyanais. Nous voulons tout simplement dire à l’Afrique que nous sommes vivants, bien debouts, à la verticale malgré cette histoire tragique. Et nous voulons également dire au monde que nous sommes fiers d’être sortis d’Afrique. Nous tenons à dire aussi que nous sommes de vrais Afro-descendants ».

Le long métrage est en panne de distributeur

Ce film, se désole Luc Saint-Eloy, est un long métrage qui dérange. « Il ne fera sans doute pas plaisir à tout le monde. Quand on dit la vérité dans ce pays, on le paye très cher. » atteste l’acteur guadeloupéen. En 2000, lors de la prestigieuse soirée des Césars, le comédien bousculait la grande famille du cinéma. Son texte écrit et rédigé dans la précipitation évoquait les difficultés des minorités visibles.

21 ans plus tard, les mêmes difficultés, les mêmes interrogations demeurent. « Aujourd’hui, Christian Lara qui est le petit-fils du premier historien guadeloupéen, met les points sur les i. Ce film est extrêmement courageux et il peine à trouver un distributeur. » déplore Luc Saint-Eloy qui poursuit. «Je crois qu’il va falloir se battre pour que ce long métrage sorte et trouve son public .» 

Christian Lara doit être honoré de son vivant

Le Jury de 20 professionnels de «L’Afrique fait son cinéma» a primé le film que Christian Lara nomme une mémory-fiction. « Je suis venu avec Sidiki Bakaba, on ne s’attendait à rien. Et c’est vraiment un très belle surprise. » Une distinction que Luc Saint-Eloy adresse personnellement à son réalisateur. « Christian Lara mérite d’être couronné, d’être encouragé vraiment il faut le faire de son vivant ».

Les derniers mots seront ceux de Sidiki Bakaba qui se dit heureux et comblé. « Des vérités sont dites dans ce film. On ne s’attendait pas à cela. On ne pensait pas que le Jury ait le courage de primer ce long métrage. Ce qui m’a frappé aux Antilles quand il a été projeté, ce sont les voix des mamans. Elles disaient « Il faut aller voir ce film ». Pour ma part, je ferai tout pour que les enfants d’Afrique puissent voir «Yafa, Le Pardon» . Sidiki Bakaba, ajoute avec un large sourire aux lèvres : « Je suis un homme heureux aujourd’hui. Je vais pouvoir appeler mon pays pour dire « Nous avons gagné un prix ».  

Être acteur, c’est endosser une mission

« Doyen, grand frère,  merci de m’avoir fait rencontrer Delgrès, moi qui ai campé le rôle de Toussaint Louverture. Ça été un héritage perdu, c’est aujourd’hui, un héritage retrouvé » atteste Sidiki Bakaba.

Luc Saint-Eloy qui collabore depuis 25 ans avec le réalisateur de «Yafa, Le Pardon», réitère sa « profonde reconnaissance. Je suis en quelque sorte son acteur fétiche. Le cinéma de Christian Lara m’a nourri, m’a fait grandir. Sa confiance en moi m’a consolidé. Alors que je suis blacklisté depuis mon intervention aux Césars, je peux continuer mon métier grâce à lui. Au travers de ses réalisations, je peux dire au monde qui nous sommes et d’où nous venons. Pour moi, être acteur, c’est une mission ».

Reportage & Images Dorothée Audibert-Champenois – Facebook Blacknews Page

«L’Afrique fait son cinéma» reçoit les Antilles aux Champs-Elysées

Au cinéma Lincoln, sur les Champs-Elysées, Blaise Pascal Tanguy suit le bon déroulé du film programmé à 20 heures. Ce samedi soir, le réalisateur et fondateur du Festival reçoit une production guadeloupéenne. Son homologue camerounais, Blaise Mendjiwa est arrivé de Cannes avec son documentaire « La Guadeloupe Terre du Rhum et des Hommes ». Blaise Pascal Tanguy est dans la salle de projection. Il sera l’un des premiers à saluer les festivaliers après le long documentaire. Pour cette édition 2021, le festival accueille des films et des documentaires de réalisateurs afro-descendants. Un marathon de cinq jours où une soixantaine de réalisations sont vues dans différentes salles parisiennes depuis le 25 octobre.

« L’Afrique fait son cinéma » reprend en présentiel suite au Covid-19

Depuis son lancement il y a 3 ans « L’Afrique fait son cinéma » n’a pas changé ses objectifs, assure Blaise Pascal Tanguy. « Le Festival est né juste après la création de l’association Afternetwork France en 2017. Le challenge des membres de l’association était de se rendre en Afrique pour former des enfants aux métiers du cinéma. Il s’agissait pour nous d’apprendre ces métiers aux enfants mais aussi d’aider les jeunes réalisateurs africains. « L’Afrique fait son cinéma », leur offrait, l’opportunité de montrer leur savoir-faire en France. »

« La Guadeloupe Terre du Rhum et des Hommes » de Blaise Mendjiwa

Si les films africains ont lancé le Festival, Blaise Pascal Tanguy atteste qu’il ne se limite pas au continent noir.  « La sélection officielle est très ouverte. Nous avons même des films d’Asie. Car si on veut se faire connaître on ne doit pas s’enfermer. Quand les autres viennent voir ce que nous faisons, ils nous découvrent autrement. » pense le fondateur du Festival.

Un jury de 20 professionnels

Des réalisateurs des 3 continents composent le Jury de 20 professionnels.  « Dans notre jury nous laissons la place aussi à des cinéphiles. Ils peuvent également juger les réalisations. Cette année, nous avons reçu environ 387 films. Il a fallu 6 mois pour les visionner.  Au terme du visionnage, 62 productions ont été retenues pour cette 3éme édition. »

Samedi soir, au Lincoln seront remis les Ubuntus, les récompenses du festival. Le mot Ubuntus qui se traduit par « Je suis, donc nous sommes » est tiré d’une philosophie d’Afrique du sud. Plusieurs prix (Ubuntu) seront décernés dont l’or, l’argent et le bronze. Le Meilleur Long métrage, Meilleur Court métrage, Meilleur Documentaire, court et long, meilleure série Télévision. Le meilleur acteur et Meilleure actrice seront primés ce samedi 30 octobre.

«Nous avons des Longs et courts métrages de fiction mais aussi des longs et courts documentaires. » C’est ce soir que le palmarès des Ubuntus sera révélé, à partir de 21heures.

Reportage et images Dorothée Audibert-Champenois à Facebook Blacknews page.

L’Académie française distingue trois écrivains haitiens de 3 Grands Prix

Le 5 octobre, l’Ambassade d’Haïti en France a organisé une soirée en l’honneur des écrivains haïtiens lauréats des derniers Prix de l’Académie Française. Ils sont trois dont Frankétienne, Emmelie Prophète et Louis-Philippe Dalembert.

Frank Etienne ( ou en nom créolisé : Frankétienne) a reçu le Grand Prix de la Francophonie.
Emmelie Prophète-Milcé, femme de lettres et directrice du Bureau haïtien du
droit d’auteur a le Prix du Rayonnement de la Langue et de la Littérature française.
Louis-Philippe Dalembert, pour « Cantique du balbutiement » est distingué du Prix de Poésie.

L'Ambassadeur de la République d'Haïti, Emmelie Prophète et Louis-Philippe d'Alembert

Le palmarès annuel de l’Académie française a été publié au cours du mois de juin. Dans ce palmarès 2021, 65 distinctintions ont été remises.

Un grand « spiraliste » honoré par l’Académie française

Les oeuvres de Frankétienne se composent de plusieurs recueils de poèmes tels : Au fil du temps (1964), La marche (1964), Mon côté gauche (1965), Vigie de verre (1965), Chevaux de l’avant-jour (1966), puis beaucoup plus tard, en 2000, en édition bilingue, Œuf de lumière / Huevo de luz. En 1968 : Mûr à crever et en 1972, c’est la révélation de l’expression « spirale » avec Ultravocal.

Le poète Franck Etienne ou (Frankétienne en kreyol)

L’écrivain et poète, le chabin haitien est né le 12 avril 1936 à Ravine-Sèche, petit village de la province de l’Artibonite. Durant l’ère papa-Doc, alors que nombre d’écrivains migrent vers le Canada, la France ou les Etats-Unis (car la situation est insoutenable sur l’île) Frankétienne décide de rester au pays. Il devient professeur, fonde sa propre école dans le quartier populaire du Bel-Air. Il y enseignera pratiquement toutes les matières.

Les boat-people commencent à échouer sur les plages de Floride quand en 1975, il fait paraître le premier roman en langue créole, Dézafi. « Témoin planté au cœur des violences, Frankétienne travaille à un véritable monument qui paraîtra le 20 juillet 1993, au plus fort de la période putschiste, L’oiseau schizophone . Frankétienne écrit, encore, toujours, c’est une question de survie ». en 2002 sort H’éros Chimères. Il écrit huit cent quinze pages pour le premier tome de Miraculeuse (fragmentaires I) qui sort des presses des éditions des Antilles à Port-au-Prince en 2003. Puis Galaxie Chaos-Babel en 2007.

L’ambassadeur haïtien à Paris, Josué Dahomey a réuni les trois lauréats le mardi 5 octobre 2021.

Dorothée Audibert-Champenois – Facebook Blacknews Page – Image Ambassade Haiti à Paris – Livre hebdo/La Presse CA/Haïti Presse Network/Haïti France Politique